Claude Blacque Belair

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Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo sera-t-il jugé ?

In Afrique, Justice on 3 Mai 2011 at 16 h 28 min

Afrik.com, le 3 mai 2011

par RENÉ DASSIÉ

Malgré l’effort de réconciliation nationale, Ouattara veut traduire l’ancien président en justice

Lors de sa rencontre avec la délégation des Elders, Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire a réitéré sa volonté de mettre en place une commission de dialogue et de réconciliation nationale. Cependant, dans le même temps, des enquêtes sont lancées contre Laurent Gbagbo et plusieurs de ses proches et pourraient aboutir à leur traduction devant la justice. Une décision qui assombrit l’avenir de l’ancien président et hypothèque le retour de la sérénité dans le pays.

Exit la rumeur sur sa tentative de suicide. Le président sortant de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, se porte bien. Il l’a lui même déclaré lundi à Korhogo, dans le nord du pays où il vit désormais en résidence surveillée, lors de sa rencontre avec la délégation des Elders (les aînés, en anglais), venus en Côte d’Ivoire d’Ivoire pour prôner l’apaisement et la réconciliation. « Je mange bien et je dors bien », a confié l’ancien président au trois membres du groupe, l’ancienne présidente d’Irlande et ex-Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Mary Robinson, l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et l’archevêque sud-africain, Desmond Tutu. Laurent Gbagbo aurait même entériné sa défaite électorale, reconnaissant du coup Alassane Ouattara comme lé président légitime de la Côte d’Ivoire. C’est du moins ce qu’a cru entendre Kofi Annan. « Il ne nous a pas donné l’impression qu’il conteste l’élection du Président Ouattara. Je crois qu’il a accepté les résultats, c’est clair, à ce niveau », a indiqué le diplomate ghanéen.

Les Elders se seraient également rendus au lieu de détention de plusieurs dizaines de cadres de l’ancienne majorité présidentielle, interpellés lors de la chute de Laurent Gbagbo. Ils ont souhaité que ceux-ci puissent être autorisés à communiquer par téléphone avec l’extérieur et à recevoir les visites des membres de leurs familles. Toutes choses qui leur sont pour l’instant interdites. Ils n’ont par contre pas pu aller à la rencontre de Simone Gbagbo, détenue, elle, loin de son époux,à Odienné, dans le nord-ouest, proche du Mali et de la Guinée.

apaisement et réconciliation

Pour Laurent Gbagbo, détenu dans l’ancien fief des rebelles qu’il a combattus pendant près de dix ans, le pouvoir relève donc désormais du passé. A Abidjan, les FDS qui se sont battus pour lui durant toute la crise postélectorale ont pour la plupart déposé les armes, sous la houlette de son ancien chef d’état major, le général Mangou, qui a rallié le camp Ouattara. Seule une poignée d’irréductibles poursuit encore, à Yopougon et dans d’autres quartiers de la capitale, des combats, dans le rapport actuel des forces, perdus d’avance.

L’heure est désormais à « l’apaisement et la réconciliation » dans le pays, tel que l’a déclaré Kofi Annan, en expliquant l’objet du voyage des Elders. « On est venu apporter notre soutien aux Ivoiriennes et aux Ivoiriennes, au pays et au gouvernement. Il y a énormément à faire et, par notre présence ici, on veut savoir comment vous aider », a-t-il affirmé, qualifiant l’effort de réconciliation d’ « absolument nécessaire ». Une vision des choses à laquelle adhère Laurent Gbagbo. Selon l’ancien Secrétaire général de l’Onu, celui-ci lui a confié qu’il « était important que le pays se retrouve dans une situation normale avec la reprise de toutes les activités ». L’ancien président aurait ajouté qu’il « parlera bientôt aux Ivoiriens pour les calmer ».

Enquêtes préliminaires contre Gbagbo

Reste la question de son avenir. Et de celui de la soixantaine de ses proches, dont l’ancien président du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA), Franck Anderson Kouassi, le président de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan, arrêtés et placés comme lui en résidence surveillée à Abidjan et dans le nord du pays. Car, dans l’esprit d’Alassane Ouattara, le processus de réconciliation nationale ne semble pas clair. Il mêle dialogue d’apaisement et poursuite judiciaire, dans un enchevêtrement que le nouveau président n’a pas clarifié. En recevant dimanche les Elders, Alassane Ouattara a présenté Charles Konan Banny, 69 ans, et ancien Premier ministre de transition en 2005, comme celui qui présidera la « Commission pour le dialogue, la vérité et la réconciliation ». Mi-avril, il avait précisé qu’il adjoindrait au futur dirigeant de cette instance deux personnalités religieuses, l’une chrétienne et l’autre musulmane. Il avait également expliqué que cette commission fonctionnerait sur le modèle de celle qui en Afrique du Sud, œuvrerait à solder les comptes de l’ancien système d’apartheid.

Cependant, à l’opposée de ce qui s’est passé au pays de Nelson Mandela, Alassane Ouattara n’exclut pas de poursuivre les anciens cadres du FPI, Laurent Gbagbo en tête. Fin avril, le procureur de la République d’Abidjan, Simplice Kouffi, a ouvert des « enquêtes préliminaires » sur les troubles postélectoraux. « elles seront menées sur toute l’étendue du territoire ivoirien, par des officiers de police judiciaire. Ensuite seulement, lorsque le degré d’implication de Laurent Gbagbo et de son entourage aura été constaté, nous déciderons de lancer ou non une mise en accusation, et transmettrons le dossier à un juge d’instruction », avait-il expliqué à France 24. L’audition de Laurent Gbagbo devait d’ailleurs commencer mardi. Avant d’être reportée.

Laurent Gbagbo sur les traces d’Hissène Habré ?

De son côté, le camp de l’ancien président fourbit ses armes. Le collectif d’avocat mandaté par sa famille pour le défendre a qualifié sa détention ainsi que celle de ses proches d’illégale et d’arbitraire, sans le moindre cadre juridique. Une pétition pour la  » libération immédiate » de Laurent Gbagbo a également été lancée sur Internet. Elle a déjà recueillie plus de 10 000 signatures. « Laurent Gbagbo, président constitutionnellement élu en Côte d’Ivoire, investi le 4 décembre 2010, a été livré, le 11 avril 2011, par l’armée française, avec la complicité de l’ONU, à Alassane Ouattara, imposé à la Côte d’Ivoire sur la base de résultats frauduleux illégalement proclamés, mais reconnus par le représentant du secrétaire général de l’ONU, le Coréen Young-jin Choi », écrivent les auteurs de ce texte.« Il a été remis par les éléments de la Force française Licorne à ceux-là mêmes qui ont voulu le renverser par un coup d’État militaire en septembre 2002 précipitant la partition du pays et plongeant celui-ci dans une crise meurtrière pour le peuple ivoirien ». Quoi qu’il en soit, un procès contre Laurent Gbagbo serait hautement délicat. S’il est jugé en Côte d’Ivoire, ses partisans, ainsi que les victimes des exactions attribuées aux forces pro-Ouattara qu’on accuse d’avoir participé aux massacres, notamment à Duékoué->], dans l’ouest du pays, ne manqueront pas de faire entendre leur voix. S’il est envoyé à la Cour pénale internationale de La Haye, son procès risque de connaître le même sort que celui d’Hissène Habré, l’ancien président tchadien.

Le Sénégal, où celui-ci s’était réfugié, s’est déclaré incompétent à l’extrader, après que de nombreux Africains eurent qualifié la tentative de le juger hors du continent d’interventionnisme néocolonial, au grand dam des victimes de ses exactions. Les mêmes voix ne manqueront pas de s’ajouter à celles des fidèles ivoiriens du président déchu, pour crier au complot international, un air déjà entendu lors de son éviction du pouvoir, en cas de son transfert aux Pays Bas. Enfin, si Laurent Gbagbo n’est pas jugé, ceux des Ivoiriens qui estiment être les victimes de sa gestion du pouvoir pourraient bien voir, dans ce geste d’apaisement d’Alassane Ouattara, une grande injustice.

Pour les membres de la délégation des Elders, le plus important, c’est que la nation ivoirienne panse ses plaies. « L’une des leçons que nous avons apprises en Afrique du Sud, c’est que la population doit avoir confiance dans le processus de réconciliation et se l’approprier. Les aspects négligés aujourd’hui seront des défis demain », a déclaré, mardi, Desmond Tutu. « Le succès du processus de vérité et de réconciliation passe par une vaste concertation, l’idéal étant que la commission soit approuvée par le parlement lui-même. C’est une bonne chose que le Président ait annoncé son intention de mettre en place une commission, mais nous l’exhortons à ne pas le faire dans la précipitation », a ajouté l’archevêque sud-africain. Un conseil de sage.

Côte d’Ivoire : la guerre et l’ingérence militaire soulignent et aggravent l’échec de l’ONU et de la France

In Afrique on 6 avril 2011 at 17 h 00 min

Afrik.com,

Survie condamne fermement les agissements belliqueux dont l’ONU et les autorités françaises font preuve en Côte d’Ivoire et rappelle les manquements des prétendus « médiateurs » du conflit, qui ont laissé prévaloir le règne de la violence et de l’impunité.

La France et l’ONU ont finalement décidé d’intervenir directement dans le conflit ivoirien. Le scénario qui se joue en Côte d’Ivoire est un des pires qui pouvait avoir lieu. Il n’est pas possible de croire à cette heure que cette intervention armée onusienne et française, dont le seul but sera de remplacer un président contesté par un autre légitimé dans le sang, résoudra durablement la crise ivoirienne. Tous les protagonistes de cette crise, à commencer par les clans politiques et militaires qui s’affrontent depuis 10 ans pour le pouvoir sont responsables de cet enlisement et de la dérive criminelle qui s’accentue aujourd’hui. Mais les prétendus « médiateurs » du conflit ne sont pas en reste.

Les graves manquements de l’ONU

Le mandat de « protection des civils ivoiriens » et d’ « interdiction des armes lourdes » brandi avec opportunisme par l’ONUCI pour intervenir militairement à Abidjan ne peut faire oublier les graves manquements dont ces mêmes forces ont fait preuve, incapables de prévenir ou d’arrêter les massacres perpétrés à Abidjan, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire et ailleurs, particulièrement à Duékoué. Dans la période précédente, l’ONU avait déjà renoncé à accompagner à son terme le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, pourtant préalable aux élections et condition de leur certification, comme convenu dans les accords de Ouagadougou. Alors que le pays subissait encore les exactions de milices et forces armées (« loyalistes » ou « rebelles ») incontrôlées, le point focal de l’activisme diplomatique multilatéral a été l’organisation de l’élection présidentielle.

La partialité et l’ingérence de la diplomatie et de l’armée française

Dans une continuité historique marquée par une ingérence persistante et la volonté de conserver son d’influence militaire, économique et monétaire, la diplomatie française fait preuve depuis de nombreuses années d’une attitude partiale, voire partisane dans la crise ivoirienne, qui s’est renforcée à l’issue de l’élection présidentielle et de la contestation de ses résultats. Cette attitude est aujourd’hui particulièrement lourde de conséquences dans la mesure où il ne s’agit plus d’un positionnement sur un contentieux électoral mais bien d’une implication directe dans un conflit armé. Les militaires français de la force Licorne étaient les plus mal placés pour une action de maintien de la paix, au vu notamment des événements de 2004, où ils avaient ouvert le feu sur la foule devant l’Hôtel Ivoire. Aujourd’hui, ce sont ces soldats qui, sous le paravent d’une légitimité onusienne très discutable et toujours sous commandement opérationnel français, contribuent à imposer par les armes à un pays déchiré son nouveau président. Les bombardements du palais présidentiel et de la Radio Télévision Ivoirienne par les hélicoptères français, outre leur côté particulièrement symbolique, outrepassent le mandat onusien. Cette intervention brutale illustre par ailleurs une fois de plus la toute puissance du pouvoir exécutif français dans le déclenchement d’une opération militaire si lourde de conséquences, en l’absence de tout contrôle parlementaire.

Une impunité toujours de mise

Quel que soit le résultat des urnes, Alassane Ouattara ne tire aujourd’hui sa légitimité que des armes, celles des rebelles et celles de l’ONU et de la France. Dès lors, il est difficile d’imaginer une issue pacifique à la situation actuelle. Ajoutons que l’unanimité, en France, pour dénoncer, avec raison, les crimes commis par les forces de Laurent Gbagbo, s’est accompagnée d’un aveuglement sur ceux, tout aussi graves, commis par le camp d’Alassane Ouattara. Il faudra pourtant en passer par la fin de l’impunité des uns et des autres qui règne depuis dix ans. Il est impératif que la Cour Pénale Internationale (CPI) s’empare de manière impartiale et complète de l’ensemble des crimes qui ont été commis en Côte d’Ivoire, comme cette cour le souhaite elle-même. Un processus de Vérité, Justice et Réconciliation doit dans le même temps être mis en œuvre en Côte d’Ivoire, comme le demande la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI).

Des acteurs de la société civile trop souvent écartés

Enfin, les deux camps qui s’affrontent aujourd’hui, en plus des aspects criminels, ont pour point commun d’avoir systématiquement écarté les acteurs de la société civile du jeu politique. Si la communauté internationale espère être crédible dans sa volonté affichée d’œuvrer pour la paix en Côte d’Ivoire, elle doit imposer la présence de la société civile ivoirienne dans tous les scénarios de transition.

 

L’association Survie demande :

- à nouveau le retrait définitif des militaires français de Côte d’Ivoire ;

- que la lumière soit faite sur l’implication de l’armée française et de l’ONU dans l’avancée vers Abidjan des ex-rebelles (dont certains pourraient s’être rendus coupables de crimes de guerre) ;

- que le parlement français exerce son contrôle sur l’opération Licorne, conformément aux dispositions prévues par la réforme de la Constitution de juillet 2008, et crée une commission d’enquête parlementaire sur l’ensemble de cette action depuis son déploiement en 2002 ;

- de conditionner les relations avec le nouveau pouvoir ivoirien à l’obligation de poursuivre les responsables des crimes commis dans l’ouest de la Côte d’Ivoire et de les exclure de tout rôle politique.

Survie demande en outre :

- la publication du rapport du groupe d’experts de l’ONU chargé de surveiller l’embargo de 2004 sur les armes et diamants, dont celle-ci reste bloquée depuis septembre ;

- la saisine de la CPI pour l’ensemble des crimes commis en Côte d’Ivoire et la mise en œuvre d’un processus Vérité, Justice et Réconciliation, comme le demande la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI).

Communiqué de Survie

 

Côte d`Ivoire: combats à Abidjan, massacres et « charniers » à l`ouest

In Afrique on 2 avril 2011 at 16 h 58 min

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Le 2/4/2011,

Forces
© Getty Images
Forces loyal to presidential claimant Alassane Ouattara rest about 20 km (12 miles) north of Abidjan April 1, 2011

La bataille d`Abidjan pour le contrôle des derniers bastions du président sortant Laurent Gbagbo se poursuivait samedi et des informations alarmantes concernaient l`ouest de la Côte d`Ivoire: 800 personnes tuées en un jour dans une seule ville et découverte de charniers présumés.
Des tirs sporadiques d’armes lourdes étaient entendus dans la matinée à Abidjan, mais sans commune mesure avec les violents affrontements de la veille. Pour le capitaine Léon Kouakou Alla, porte-parole du ministère de la Défense du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, « l`offensive n`a pas encore commencé (mais) cela ne saurait tarder ». « Nous prenons des dispositions pour affaiblir l`ennemi avant de monter à l`assaut », a-t-il indiqué à l`AFP, alors que depuis lundi les forces pro-Ouattara ont conquis la quasi-totalité du pays.

Le camp Gbagbo avait affirmé vendredi avoir repoussé une offensive des forces de son rival sur le palais présidentiel et la résidence de M. Gbagbo à Abidjan, précisant avoir également repris le contrôle de la télévision d`Etat RTI. Le signal a été rétabli dès vendredi, et la chaîne diffusait des programmes anciens et un clip musical sur des images de campagne de M. Gbagbo. Samedi matin des militaires fidèles au président sortant ont appelé à l`antenne de la RTI à la mobilisation des troupes pour la « protection des institutions de la République ». Dans ce « communiqué numéro 1 du PC du point d`appui », lu par un militaire accompagné d`une dizaine d`autres, ils demandent aux leurs de rejoindre cinq
unités situées à Abidjan.

Quant au président sortant, son entourage assure qu`il se trouve avec sa famille dans sa résidence de Cocody (nord de la capitale économique) et qu`il n`a nullement l`intention d` »abdiquer », alors que les appels de la communauté
internationale pour son départ se sont multipliés vendredi.

Dans de nombreux quartiers de la métropole, les pillages se poursuivaient et la panique s`emparait de certains habitants. Environ 1.400 Français et autres étrangers étaient regroupés samedi matin dans le camp militaire
français de Port-Bouët à Abidjan, a indiqué l`armée française.

Mais de plus en plus d`informations alarmantes font état de massacres à grande échelle commis récemment dans l`ouest du pays, région traversée par de vifs antagonismes ethniques, frontalière du Liberia, qui sort avec peine d`une longue guerre civile (1989-2003). « Au moins 800 personnes » ont été tuées mardi 29 mars lors de violences intercommunautaires à Duékoué, dans l`ouest de la Côte d`Ivoire, a dit à Genève le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), citant des informations recueillies sur place.
« Cet événement est particulièrement choquant par son ampleur et sa brutalité », s`est alarmé la chef de la délégation du CICR en Côte d`Ivoire, Dominique Liengme. Important carrefour stratégique de l`Ouest, Duékoué est contrôlée depuis
mardi par les forces pro-Ouattara, à l`issue de deux jours de durs combats avec les militaires et miliciens fidèles à M. Gbagbo.  Le gouvernement Ouattara a affirmé samedi avoir découvert des charniers dans l`Ouest, accusant les partisans de M. Gbagbo d`en être responsables. Il évoque « la découverte de nombreux charniers dans l`Ouest du pays,
notamment à Toulépleu, Bloléquin et Guiglo, dont les auteurs ne sont autres que les forces loyales, les mercenaires et les milices de M. Laurent Gbagbo ».

Le gouvernement Ouattara a par ailleurs rejeté les accusations de l`ONU, qui a dit craindre de « graves violations des droits de l`homme » commises par ses forces, « en particulier dans les régions de Guiglo, Daloa à l`ouest ».
Le gouvernement Ouattara « dément toute implication des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) dans d`éventuelles exactions ». Dans le passé, le camp Gbagbo a lui aussi accusé ses rivaux de commettre de
nombreuses exactions sur les civils. Pour Human Rights Watch (HRW), M. Ouattara doit empêcher ses forces de
commettre des représailles.

«L’étonnant professionnalisme des ex-rebelles»

In Afrique on 1 avril 2011 at 7 h 50 min

Le Figaro,

«Le Burkina Faso et le Nigeria ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles», estime Antoine Glaser. Crédits photo : LUC GNAGO/REUTERS.
«Le Burkina Faso et le Nigeria ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles», estime Antoine Glaser. Crédits photo : LUC GNAGO/REUTERS.

INTERVIEW – Ancien directeur de La Lettre du continent, Antoine Glaser est spécialiste de l’Afrique.

LE FIGARO. – Comment expliquez-vous que les forces pro-Ouattara n’aient rencontré aucune résistance dans leur descente vers le sud? 

Antoine GLASER. – Les Forces de défense et de sécurité, qui semblaient jusqu’à présent demeurer loyales à Laurent Gbagbo, ont manifestement basculé ces derniers jours en voyant leurs adversaires passer à l’offensive. Il faut dire que l’attaque lancée lundi par les forces pro-Ouattara, après plusieurs semaines de discrets préparatifs, témoigne d’un professionnalisme étonnant. Avant que le top départ ne soit lancé, certains pays de la région, comme le Burkina Faso ou le Nigeria, ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles, qui sont équipés de neuf. Il est également vraisemblable que des conseillers militaires français et américains aient participé à la conception de cette opération, laquelle répond à l’évidence à un ordre de marche très précis.

De quel soutien Laurent Gbagbo dispose-t-il désormais face aux partisans d’Alassane Ouattara?

Il ne peut plus compter que sur un dernier carré littéralement bunkérisé dans le centre d’Abidjan, ainsi que sur les quelques milliers de Jeunes Patriotes qui répondent aux ordres du «Général de la rue», Charles Blé Goudé. Sur le plan militaire, seules les troupes de la garde présidentielle et du Centre de commandement des opérations spéciales semblent encore lui rester fidèles. Cet isolement répond à la stratégie d’encerclement politique et di­plomatique mise en œu­vre ces dernières semaines, principalement par la France et le Nigeria. Les résolutions successives soumises au Conseil de sécurité de l’ONU ont en effet permis de faire comprendre à ses proches que le régime Gbagbo n’avait plus d’avenir.

Certains craignent pourtant que la bataille d’Abidjan n’entraîne un bain de sang.

Il est vrai qu’en plus des Jeunes Patriotes Laurent Gbagbo peut encore jouer de la solide assise populaire dont il dispose à Abidjan, où près de 55% des électeurs ont voté pour lui en novembre dernier. On peut imaginer qu’une partie de ses partisans descendent dans la rue afin de lui apporter leur soutien. Cependant, il convient de souligner que les Ivoiriens, confrontés depuis septembre 2002 à une crise interminable, éprouvent une grande lassitude. Ils ont d’ailleurs exprimé leur volonté de changement lors de la dernière présidentielle. Enfin, je ne suis pas certain que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire loyales à Alassane Ouattara fassent le choix d’entrer en force dans Abidjan, au risque de provoquer un bain de sang.

Quelle est l’alternative?

On peut imaginer qu’elles encerclent la capitale économique afin d’étouffer un peu plus le régime et de précipiter les dernières défections. Si le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution interdisant l’usage des armes lourdes à Abidjan, l’Onuci et les 900 soldats de «Licorne» pourront en outre désarmer les unités restées fidèles à Gbagbo. Elles chercheront sans doute aussi à bloquer l’aéroport. À partir de là, le président sortant n’aura plus le choix qu’entre la reddition et une hypothétique fuite à l’étranger. À moins qu’il ne choisisse de «mourir en martyre», comme il en a récemment exprimé l’intention devant des visiteurs.

Côte d’Ivoire : Gbagbo appelle à un cessez-le-feu

In Afrique on 30 mars 2011 at 8 h 17 min

Le Figaro,

Des combattants pro-Ouattara à Blolequin, dans l'ouest du pays.
Des combattants pro-Ouattara à Blolequin, dans l’ouest du pays. Crédits photo : ZOOM DOSSO/AFP

Les forces d’Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, ont pris mardi le contrôle de trois villes stratégiques dans l’ouest et l’est du pays.

Quatre mois après le début de la crise post-électorale qui divise la Côte d’Ivoire, les forces d’Alassane Ouattara sont nettement passées à l’actionlundi et mardi. Les combattants du président élu le 28 novembre et reconnu par la communauté internationale ont ainsi pris mardi le contrôle de trois importantes villes, selon des sources concordantes.

À la mi-journée, les Forces républicaines – nouvelle appellation des forces pro-Ouattara – circulaient à bord de 4×4 à travers la ville de Duékoué, carrefour stratégique de l’Ouest. Duékoué conduit notamment à San Pedro, plus grand port d’exportation de cacao au monde. On n’entendait pas de tirs, mais des maisons en feu et des impacts d’obus et de balles témoignaient de la violence des affrontements entre le camp Ouattara et les forces armées de Laurent Gbagbo. Un hélicoptère de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) y aurait même essuyé lundi des tirs avec une «mitrailleuse lourde» de la part des forces pro-Ouattara, selon l’Onuci. Mais les Forces républicaines ont démenti toute implication.

Des habitants ont également rapporté la prise par les combattants pro-Ouattara de la ville de Daloa, à une centaine de kilomètres à l’est de Duékoué, sur la route de la capitale Yamoussoukro. Daloa est l’une des plus importantes villes du pays, au coeur du «pays bété», région natale de Laurent Gbagbo, qui s’accroche au pouvoir. Enfin le camp Ouattara a aussi pris Abengourou, à 220 km de la capitale économique Abidjan.

 

Une dizaine de morts à Abidjan

Depuis ces trois fronts, les forces d’Alassane Ouattara convergent donc vers le sud de la Côte d’Ivoire et Abidjan, menaçant plus que jamais le régime Gbagbo. Celui-ci a réagi mardi en appellant à un «cessez-le-feu immédiat» et à une «ouverture du dialogue» avec son rival. «Faute de quoi, nous utiliserons notre droit légitime de défense», a averti le porte-parole de Gbagbo. Il a par ailleurs accusé les forces pro-Ouattara de commettre des exactions lors de leur progression. «Ils tuent, volent, violent et pillent la population. Il y a près d’une dizaine de morts, dont certains brûlés vifs ou égorgés, sur le front ouest notamment», a-t-il affirmé. Ces accusations n’ont pas pu être confirmées de source indépendante.

Dans la capitale économique ce sont les forces loyales au président sortant qui sont accusées par l’Onuci d’avoir «tiré sur des civils innocents» lundi dans le quartier de Williamsville, «faisant une dizaine de morts». En outre, dans le quartier de la Riviera, «un groupe de jeunes pro-Gbagbo» ont imposé à un jeune homme le supplice du pneu, consistant à enflammer un pneu placé autour de son cou. Un autre groupe a sauvagement agressé deux fonctionnaires de l’Onuci «qui vaquaient à leurs occupations», a affirmé la force onusienne.

 

Paris souhaite une résolution de l’ONU

«Au vu de l’accroissement des cas de violations des droits de l’homme et de ces pratiques barbares, l’on est fondé à s’interroger sur le contrôle du président Gbagbo sur ses forces et ses partisans», s’inquiète un communiqué de l’Onuci. Pour tenter de calmer la situation, la France a de nouveau souhaité mardi «l’adoption rapide» d’une résolution de l’ONU interdisant l’utilisation d’armes lourdes en Côte d’Ivoire, surtout à Abidjan. Paris a également estimé que l’Onuci doit exercer son mandat «avec toute la fermeté requise».

Maintenant que le camp du président retranché depuis quatre mois dans un hôtel d’Abidjan a clairement choisi l’option militaire, le pays n’a jamais été aussi près de basculer dans la guerre civile. La crise post-électorale a déjà fait plus de 460 morts, selon l’ONU. Près d’un million de personnes ont par ailleurs été déplacées. La voie des armes fait suite à l’échec de tous les efforts diplomatiques tentés jusqu’à présent pour résoudre pacifiquement la crise née du scrutin présidentiel du 28 novembre. «Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gabgbo à reconnaître sa défaite sont épuisées», ont ainsi affirmé mardi dans un communiqué Alassane Ouattara et ses alliés du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), notamment l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

 

A Abidjan, la crainte de massacres pousse les habitants à fuir

In Afrique on 22 mars 2011 at 13 h 48 min

Le Monde,

Lundi 21 mars à Abidjan, des dizaines de milliers de volontaires sont venus s'enrôler dans l'armée de Gbagbo suivant l'appel de Charles Blé Goudé (au centre).

Lundi 21 mars à Abidjan, des dizaines de milliers de volontaires sont venus s’enrôler dans l’armée de Gbagbo suivant l’appel de Charles Blé Goudé (au centre).AFP/SIA KAMBOU

 

ABIDJAN, ENVOYÉ SPÉCIAL – Après une nouvelle nuit de pluie et de bombardements, c’en est assez. Lundi 21 mars, Abobo cède à la menace des lendemains en Côte d’Ivoire. Cernés, bombardés, abandonnés à eux-mêmes, les habitants du vaste quartier du nord d’Abidjan où est implantée une rébellion soutenant Alassane Ouattara ont décidé de s’en aller. C’est un exode, et il est massif.

Dans d’autres zones d’Abidjan, les mêmes préparatifs ont lieu. A Williamsville ou dans certaines parties de Yopougon, les portes se ferment et les habitants prennent la route, chargés de ballots et d’enfants. De longues files de marcheurs fuient aussi vite que les ruelles envahies de torrents de boue le permettent. Taxis collectifs, véhicules individuels ou camions, tout ce qui roule est pris d’assaut. S’y entassent familles, bagages et téléviseurs.

Dans le sous-quartier de « Sans manquer », bourdonnant d’activité encore récemment, des pères de famille cherchent à affréter des bus pour emmener proches et voisins. Des rues entières se sont vidées depuis la veille. Ceux qui avaient opté pour d’autres quartiers d’Abidjan, pensant échapper aux combats d’Abobo, voient la violence s’étendre peu à peu.

Sur la route qui passe non loin d’une caserne de miliciens pro-Gabgbo, à Williamsville, gît un corps que nul n’ose ramasser. Pour ceux qui prennent la direction du nord, vers Bouaké, ex-capitale rebelle, reste à passer les barrages des « corps habillés » qui n’ont cessé de rançonner dans les rues d’Abidjan et tiennent là une occasion de se remplir les poches. Un gigantesque embouteillage s’est créé.

« PLANIFICATION ÉVIDENTE »

Pendant ce temps, lundi matin, plus d’une dizaine de milliers de volontaires ont répondu à l’appel de Charles Blé Goudé pour venir s’enrôler dans l’armée loyale àLaurent Gbagbo. Le « général de la jeunesse » avait déjà encouragé la création de comités de vigilance dans les quartiers d’Abidjan, établissant des barrages où ont surgi, au fil des jours, de plus en plus d’armes. Samedi, il a lancé un « appel historique » pour que les patriotes rejoignent les rangs des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui défendent Laurent Gbagbo face aux actions du commando invisible d’Abidjan et à la poussée de l’ex-rébellion pro-Ouattara dans l’ouest du pays.

Dès la veille, les patriotes pro-Gbagbo avaient commencé à converger vers le quartier du Plateau, en direction du camp Gallieni, qui abrite l’état-major et le ministre de la défense. Lundi, près de vingt mille volontaires s’y pressaient, espérant recevoir des armes et retourner dans leurs quartiers pour s’en servir. Aux barrages, il arrive qu’on tue, qu’on brûle vifs les passants accusés indifféremment d’être « étrangers » ou « rebelles ». Avec des milliers d’armes, l’apocalypse menace. Cette perspective a été déterminante pour lancer l’exode d’Abidjan.

Il n’y aura pas de distributions d’armes, lundi, au camp Gallieni. Il faudra patienter encore quelques jours et se rendre aux points de recrutement dans les quartiers, a expliqué Charles Blé Goudé. « Pour un fauteuil présidentiel, combien d’Ivoiriens vont mourir ? », s’est interrogé, énigmatique, le principal animateur du mouvement patriotique pro-Gbagbo, ministre de l’emploi.

L’Union africaine a consacré le 10 mars la victoire de M. Ouattara à l’élection présidentielle et demandé le départ de M. Gbagbo. Depuis, selon l’alliance pro-Ouattara, s’est mise en place une politique de violence « exécutée avec une planification évidente ».

Son gouvernement dit redouter la « plus grande crise humanitaire de l’histoire » du pays. Une source humanitaire emploie des termes similaires : « Nous sommes face à une crise majeure, sans le moindre filet. Pas assez de fonds débloqués, pas de programmes d’urgence, les Nations unies identifiées comme un ennemi par l’une des parties. C’est un cas unique. »

Jean-Philippe Rémy

 

L’Union africaine se réunit pour trouver une issue à la crise ivoirienne

In Afrique on 10 mars 2011 at 10 h 10 min

Le Monde,

Le "panel" des chefs d'Etat doit soumettre ses conclusions sur la Côte d'Ivoire à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, à laquelle ont également été conviés les deux protagonistes de l'élection.

Le « panel » des chefs d’Etat doit soumettre ses conclusions sur la Côte d’Ivoire à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, à laquelle ont également été conviés les deux protagonistes de l’élection.AFP/SIMON MAINA

 

Les cinq présidents membres d’un « panel » de l’Union africaine sur la crise ivoirienne ont entamé, mercredi, à Addis Abeba, en Ethiopie, une réunion cruciale pour trouver une sortie de crise en Côte d’Ivoire. Ils doivent entendre jeudi Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale, qui a quitté officiellement pour la première fois Abidjan depuis le scrutin contesté du 28 novembre. Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud),Jakaya Kikwete (Tanzanie), Idriss Deby Itno (Tchad) et Blaise Compaoré (Burkina Faso) doivent reprendre leurs discussions à huis clos jeudi matin, puis soumettre leurs conclusions à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, à laquelle ont également été conviés les deux protagonistes de l’élection.

Pour tenter de sortir de cette impasse, l’UA a chargé fin janvier ce panel de chefs d’Etat de formuler des positions « contraignantes » envers les deux prétendants. Mais ce panel est à son tour apparu divisé, M. Compaoré notamment campant sur une ligne dure à l’encontre de M. Gbagbo, alors que M. Zuma a semblé beaucoup plus compréhensif envers le président sortant. Le ministre des affaires étrangères de M. Gbagbo, Alcide Djédjé, a assuré que son camp pouvait compter sur le soutien de plusieurs « alliés » au sein de l’UA, « notamment l’Angola, l’Ouganda, l’Afrique du Sud, la RD Congo, la Gambie, la Guinée équatoriale, le Ghana ».

PREMIÈRE SORTIE POUR ALASSANE OUATTARA

M. Ouattara est arrivé à l’aéroport d’Addis Abeba mercredi soir. Il s’agit, depuis le début de la crise, de sa première sortie officielle du Golf Hôtel d’Abidjan où il est retranché depuis mi-décembre avec son gouvernement sous un blocus terrestre des forces loyales à son adversaire. Quelques heures après son départ, le gouvernement de M. Gbagbo a interdit la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) et à force française Licorne « de survol et d’atterrissage » dans le pays. L’Onuci assure traditionnellement le transport, grâce à ses hélicoptères, des personnalités du camp Ouattara qui quittent le Golf Hôtel ou qui y reviennent, mais ni la force onusienne ni l’équipe de M. Ouattara n’ont voulu dire par quel moyen celui-ci est parti pour le siège de l’UA. M. Gbagbo a choisi de se faire représenter par le chef de son parti, l’ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan, arrivé mercredi dans la capitale éthiopienne.

PRESSION DE BARACK OBAMA

Le président Barack Obama s’est dit horrifié par les violences en Côte d’Ivoire, où quatre femmes qui manifestaient contre Gbagbo ont été tuées mardi par les forces de l’ordre.
« Les efforts de l’ancien président Gbagbo pour se maintenir au pouvoir aux dépens de son propre pays sont une agression contre les droits universels de son peuple et contre la démocratie que la Côte d’Ivoire mérite », affirme Obama dans un commniqué. « Je suis particulièrement horrifié par les massacres aveugles de civils désarmés lors de rassemblements pacifiques auxquels participent beaucoup de femmes », a dit Obama. « Comme nous l’avons déjà dit depuis que les résultats électoraux en Côte d’Ivoire ont été officialisés : le peuple ivoirien a élu Alassane Ouattara comme président et Laurent Gbagbo a perdu l’élection (…) Il est temps pour l’ancien président Gbagbo de suivre la volonté de son peuple et d’achever une transition pacifique du pouvoir en faveur du président Ouattara », a-t-il conclu.

 

Le HCR suspend des opérations dans l’ouest de la Côte d’Ivoire

In Afrique on 4 mars 2011 at 14 h 18 min

Le Monde,

Alors que la situation en Côte d’Ivoire se dégrade, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé, vendredi 4 mars, avoir suspendu certaines de ses opérations dans l’ouest du pays en raison de la détérioration de la situation sécuritaire.

Depuis la mi-février, la crise née du scrutin de novembre, opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale, s’aggrave chaque jour davantage, renforçant la crainte de l’ONU d’une « résurgence de la guerre civile ». Les violences ont fait au moins 365 tués depuis fin 2010, selon l’ONU, et 50 personnes sur la semaine qui vient de s’écouler.

L’insécurité a poussé « plus de 200 000 personnes » hors d’un quartier d’Abidjan, selon la mission de l’ONU dans le pays, l’Onuci. Elle a également obligé le HCR a suspendre la construction d’un camp de déplacés dans l’ouest du pays.« Malheureusement, nous n’agissons plus là-bas en raison des combats et de l’insécurité », a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d’un point de presse. « Nous avons encore notre représentant à Abdijan, mais les routes sont bloquées à l’extérieur de nos bureaux », a-t-elle poursuivi.

PARIS DEMANDE UNE ENQUÊTE DE L’ONU SUR LES VIOLENCES

Les cinq chefs d’Etat africains membres du panel de l’Union africaine (UA) sur la crise en Côte d’Ivoire doivent se rendre, vendredi après-midi, à Abidjan après une courte réunion à Nouakchott, en Mauritanie. Mis en place par l’UA fin janvier, le panel tente toujours d’élaborer des solutions « contraignantes » pour les deux camps, qui devaient initalement être connues avant fin février ; ce délai a été repoussé d’un mois.

Par ailleurs, le ministère des affaires étrangères français, par la voix du porte-parole Bernard Valero, a annoncé que la France souhaitait que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies se saisisse des violences en Côte d’Ivoire et qu’une« commission d’enquête crédible et impartiale sous l’égide de l’ONU » soit mise en place.

 

Côte d’Ivoire: attaque contre l’émetteur de la télévision publique

In Afrique on 27 février 2011 at 17 h 09 min

Nouvel Obs,

ABIDJAN (AP) — La diffusion des programmes de la télévision publique ivoirienne a été perturbée dimanche à Abidjan, en raison d’une attaque contre son centre émetteur après une semaine de batailles de rue. Ces violences ont marqué une escalade dans le conflit entre partisans du chef d’Etat sortant Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara, dont la victoire à la présidentielle de novembre a été reconnue par la communauté internationale.

D’après des témoins, le centre émetteur continuait de brûler dimanche à la mi-journée. Contrôlée par le régime Gbagbo et accusée de véhiculer la haine, la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), dont la diffusion s’est poursuivie via satellite vers les quartiers huppés, a confirmé l’attaque. Un bandeau, à la mi-journée, précisait que ses programmes avaient été « momentanément interrompus ».

Un habitant du quartier d’Abobo où le centre émetteur a été attaqué a déclaré que l’installation était encore en feu dimanche après-midi. Des sapeurs-pompiers étaient sur place pour éteindre les flammes.

D’après des partisans d’Alassane Ouattara, l’attaque a été commise vers 3h près de PK-18, un secteur d’Abobo qui a été le théâtre toute la semaine de batailles entre militants pro-Ouattara et forces pro-Gbagbo. AP

Affrontements dans l’ouest de la Côte d’Ivoire

In Afrique on 24 février 2011 at 15 h 59 min

Le Monde,

Vendredi, de nombreuses personnes fuyaient Abobo, un quartier d'Abidjan, avec des valises et des sacs plastiques pour porter leurs affaires.

Vendredi, de nombreuses personnes fuyaient Abobo, un quartier d’Abidjan, avec des valises et des sacs plastiques pour porter leurs affaires.AFP/ISSOUF SANOGO

 

Des combats ont commencé dans l’ouest de la Côte d’Ivoire entre les partisans du président sortant, Laurent Gbagbo, et les rebelles du Nord, favorables à son rival Alassane Ouattara, ont déclaré jeudi 24 février la Mission des Nations unies et l’armée ivoirienne. Un membre des forces de sécurité loyales à M. Gbagbo a précisé que les combats avaient commencé mercredi et se poursuivaient jeudi au nord de la ville de Danané, près des frontières libérienne et guinéenne.

Ces combats dans la province occidentale des Dix-Huit Montagnes sont « très inquiétants » et constituent une menace pour toute la région, a dit le porte-parole de la mission onusienne de maintien de la paix. « L’ONU estime que ces combats présentent un risque de redémarrage d’un conflit armé (…) qui aurait de graves conséquences pour le peuple ivoirien et toute la sous-région », a déclaré Hamadoun Touré. Ils interviennent sur fond de violence continue à Abidjan et marquent une escalade dans la lutte pour le pouvoir qui oppose depuis près de trois mois les deux prétendants à la présidence.

La crise déclenchée par le résultat disputé de l’élection présidentielle du 28 novembre a déjà fait plus de 300 morts. Elle a également poussé le prix du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, à son plus haut niveau depuis trente ans. Une délégation de l’Union africaine a tenté en vain une médiation en début de semaine. Les présidents de l’Afrique du Sud, du Tchad, de la Mauritanie et de la Tanzanie sont tous repartis mercredi après-midi.

DES HABITANTS D’ABIDJAN FUIENT LES VIOLENCES

Vendredi dernier, le gouvernement Ouattara a lancé un appel à un soulèvement semblable à celui qui a renversé le président égyptien Hosni Moubarak, mais les forces pro-Gbagbo ont dispersé les tentatives de rassemblement, faisant plusieurs morts.

Dans le quartier d’Abobo à Abidjan, un bastion des partisans d’Alassane Ouattara, les affrontements ont repris jeudi, pour le troisième jour d’affilée, provoquant la fuite d’habitants terrifiés par le tour violent que prend la confrontation. On ignore le bilan total des affrontements.

« Les fusillades ont repris. On entend des coups de feu et des explosions », a témoigné un habitant à Reuters par téléphone. « C’est difficile de vivre avec cette peur », a dit cet habitant d’Abobo. Vendredi, de nombreuses personnes fuyaient ce quartier avec des valises et des sacs plastiques pour porter leurs affaires. Un autre témoin a rapporté une fusillade, jeudi, près du quartier de PK18. « Nous sommes rapidement rentrés dans nos maisons. Il n’y a personne dans les rues », a rapporté ce témoin.