Claude Blacque Belair

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Tunisie: le Premier ministre défend son gouvernement, promet la justice

In Pays arabe on 18 janvier 2011 at 10 h 54 min

AFP, le 18/1/2011,

 

PARIS — Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a défendu mardi son gouvernement, assurant que les ministres de Ben Ali maintenus dans la nouvelle équipe avaient « les mains propres » et il a promis que les responsables de la répression des dernières semaines seraient jugés.

Ces ministres « ont gardé leur portefeuille parce que nous avons besoin d’eux dans cette phase » de construction démocratique, avec la préparation d’élections dans les six mois, a affirmé à Europe 1 M. Ghannouchi, soulignant le « grand enjeu de la sécurité » dans cette période de transition.

« Tous ont les mains propres, doublées d’une grande compétence. Ils ont du mérite. Grâce à leur dévouement, ils ont réussi à réduire la capacité de nuisance de certains. Ils ont manoeuvré, tergiversé, gagné du temps pour préserver l’intérêt national », a-t-il insisté. « Donnez-nous une chance! », a-t-il lancé, répondant aux critiques d’une partie de l’opposition de gauche, qui a dénoncé « mascarade » et « réformettes » avec le maintien de membres de l’équipe sortante, notamment le ministre de l’Intérieur.

Lundi après-midi, Mohammed Ghannouchi, dernier Premier ministre du président déchu, a annoncé qu’il avait formé un gouvernement d’union nationale de 24 membres, dont trois chefs de l’opposition légale, huit ministres de l’ancien gouvernement et des représentants de la société civile.

Le président Zine El Abidine Ben Ali, qui avait régné d’une main de fer pendant 23 ans, a fui son pays vendredi après un mois de manifestations réprimées dans le sang et qui ont fait 78 morts selon le dernier bilan officiel (une centaine selon des ONG et partis d’opposition).

« Tous ceux qui ont été à l’origine de ce massacre rendront des comptes à la justice », a promis le Premier ministre, assurant n’avoir lui-même jamais donné l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants.

Comme on lui demandait s’il fallait aussi juger l’ex-président Ben Ali, celui qui fut son Premier ministre pendant 11 ans a répondu: « Je ne peux pas dire ça ». Mais il a souligné qu’il y avait eu « un changement » à la fin du régime avec « l’enrichissement illicite de son entourage ».

Questionné si la rumeur désignant Leïla Trabelsi, la seconde épouse de Ben Ali, comme la véritable dirigeante dans les derniers temps, était exacte, il a répondu: « on a l’impression ».

Evoquant le processus électoral, Mohammed Ghannouchi a assuré que « tous les partis politiques seront autorisés à participer aux élections, à égalité des chances ».

Mais le chef du mouvement islamiste Ennahdha (interdit sous Ben Ali) Rached Ghannouchi, en exil à Londres, ne pourra retourner en Tunisie que « s’il y a une loi d’amnistie » effaçant sa condamnation à la prison à vie datant de 1991, a-t-il précisé.

La veille, le Premier ministre avait annoncé qu’une amnistie générale, réclamée depuis des décennies par l’opposition et les organisations de la société civile, serait « à l’ordre du jour du gouvernement » pour « favoriser une réconciliation » nationale.

Mohammed Ghannouchi, avocat de 69 ans considéré comme mesuré et bon négociateur, s’est lui-même décrit comme un exécutant, ayant pour principale préoccupation la sauvegarde de l’économie du pays. « Je ne prétends pas être légitime. Je considère que mon devoir, c’est de mener cette transition », a-t-il conclu.