Claude Blacque Belair

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Côte d’Ivoire : Gbagbo appelle à un cessez-le-feu

In Afrique on 30 mars 2011 at 8 h 17 min

Le Figaro,

Des combattants pro-Ouattara à Blolequin, dans l'ouest du pays.
Des combattants pro-Ouattara à Blolequin, dans l’ouest du pays. Crédits photo : ZOOM DOSSO/AFP

Les forces d’Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, ont pris mardi le contrôle de trois villes stratégiques dans l’ouest et l’est du pays.

Quatre mois après le début de la crise post-électorale qui divise la Côte d’Ivoire, les forces d’Alassane Ouattara sont nettement passées à l’actionlundi et mardi. Les combattants du président élu le 28 novembre et reconnu par la communauté internationale ont ainsi pris mardi le contrôle de trois importantes villes, selon des sources concordantes.

À la mi-journée, les Forces républicaines – nouvelle appellation des forces pro-Ouattara – circulaient à bord de 4×4 à travers la ville de Duékoué, carrefour stratégique de l’Ouest. Duékoué conduit notamment à San Pedro, plus grand port d’exportation de cacao au monde. On n’entendait pas de tirs, mais des maisons en feu et des impacts d’obus et de balles témoignaient de la violence des affrontements entre le camp Ouattara et les forces armées de Laurent Gbagbo. Un hélicoptère de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) y aurait même essuyé lundi des tirs avec une «mitrailleuse lourde» de la part des forces pro-Ouattara, selon l’Onuci. Mais les Forces républicaines ont démenti toute implication.

Des habitants ont également rapporté la prise par les combattants pro-Ouattara de la ville de Daloa, à une centaine de kilomètres à l’est de Duékoué, sur la route de la capitale Yamoussoukro. Daloa est l’une des plus importantes villes du pays, au coeur du «pays bété», région natale de Laurent Gbagbo, qui s’accroche au pouvoir. Enfin le camp Ouattara a aussi pris Abengourou, à 220 km de la capitale économique Abidjan.

 

Une dizaine de morts à Abidjan

Depuis ces trois fronts, les forces d’Alassane Ouattara convergent donc vers le sud de la Côte d’Ivoire et Abidjan, menaçant plus que jamais le régime Gbagbo. Celui-ci a réagi mardi en appellant à un «cessez-le-feu immédiat» et à une «ouverture du dialogue» avec son rival. «Faute de quoi, nous utiliserons notre droit légitime de défense», a averti le porte-parole de Gbagbo. Il a par ailleurs accusé les forces pro-Ouattara de commettre des exactions lors de leur progression. «Ils tuent, volent, violent et pillent la population. Il y a près d’une dizaine de morts, dont certains brûlés vifs ou égorgés, sur le front ouest notamment», a-t-il affirmé. Ces accusations n’ont pas pu être confirmées de source indépendante.

Dans la capitale économique ce sont les forces loyales au président sortant qui sont accusées par l’Onuci d’avoir «tiré sur des civils innocents» lundi dans le quartier de Williamsville, «faisant une dizaine de morts». En outre, dans le quartier de la Riviera, «un groupe de jeunes pro-Gbagbo» ont imposé à un jeune homme le supplice du pneu, consistant à enflammer un pneu placé autour de son cou. Un autre groupe a sauvagement agressé deux fonctionnaires de l’Onuci «qui vaquaient à leurs occupations», a affirmé la force onusienne.

 

Paris souhaite une résolution de l’ONU

«Au vu de l’accroissement des cas de violations des droits de l’homme et de ces pratiques barbares, l’on est fondé à s’interroger sur le contrôle du président Gbagbo sur ses forces et ses partisans», s’inquiète un communiqué de l’Onuci. Pour tenter de calmer la situation, la France a de nouveau souhaité mardi «l’adoption rapide» d’une résolution de l’ONU interdisant l’utilisation d’armes lourdes en Côte d’Ivoire, surtout à Abidjan. Paris a également estimé que l’Onuci doit exercer son mandat «avec toute la fermeté requise».

Maintenant que le camp du président retranché depuis quatre mois dans un hôtel d’Abidjan a clairement choisi l’option militaire, le pays n’a jamais été aussi près de basculer dans la guerre civile. La crise post-électorale a déjà fait plus de 460 morts, selon l’ONU. Près d’un million de personnes ont par ailleurs été déplacées. La voie des armes fait suite à l’échec de tous les efforts diplomatiques tentés jusqu’à présent pour résoudre pacifiquement la crise née du scrutin présidentiel du 28 novembre. «Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gabgbo à reconnaître sa défaite sont épuisées», ont ainsi affirmé mardi dans un communiqué Alassane Ouattara et ses alliés du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), notamment l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

 

Égypte : un comité créé pour réformer la Constitution

In Pays arabe on 7 février 2011 at 14 h 54 min

Le Figaro, le 6/2/2011,

Le vice-président égyptien Omar Souleimane (gauche) a rencontré pour la première fois dimanche au Caire des représentants de l'opposition
Le vice-président égyptien Omar Souleimane (gauche) a rencontré pour la première fois dimanche au Caire des représentants de l’opposition Crédits photo : SELIMAN AL OTEIFI/AP

Les Frères musulmans, associés pour la première fois au dialogue avec le pouvoir, ont dénoncé des réformes insuffisantes. Sollicité par l’opposition, le vice-président Souleimane a refusé d’assumer les pouvoirs de Moubarak.

Le vice-président égyptien Omar Souleimane a rencontré pour la première fois dimanche au Caire des représentants de l’opposition. Objectif : mettre un terme à la crise politique que traverse le pays alors que, non loin de là, sur la place Tahrir, des milliers d’Égyptiens restent mobilisés. Dimanche, alors que la vie semblait doucement reprendre au Caire, l’armée a renforcé sa présence sur la place. 

Pour la première fois en un demi-siècle, le pouvoir égyptien a donc discuté avec les Frères musulmans, qui figurent parmi les membres de l’opposition invités par le vice-président égyptien. Mohamed ElBaradei a expliqué ne pas avoir été invité. Il a été décidé la création d’un comité pour préparer des amendements à la Constitution. Ce comité composé de personnalités de la vie publique égyptienne et de juristes a jusqu’à la première semaine de mars pour présenter ses travaux.

Les amendements constitutionnels permettraient de présenter de plus nombreux candidats à l’élection présidentielle et imposeraient une limite du nombre de mandats. Selon l’agence de presse égyptienne Mena, le gouvernement s’est d’ici là engagé à ne pas interdire les manifestations, ne pas restreindre la liberté de la presse ni l’accès aux réseaux sociaux et à Internet, et à lever l’état d’urgence quand la situation le permettra. En somme, comme l’a expliqué le porte-parole du gouvernement, les participants se sont mis d’accord sur «une transition pacifique du pouvoir basée sur la Constitution». Le communiqué réalisé au terme de la réunion propose également l’ouverture d’un bureau destiné à recevoir les plaintes concernant les prisonniers politiques et le rejet de «toute ingérence étrangère dans les affaires égyptiennes».

Revendications non-satisfaites

Les Frères musulmans ont annoncé en fin d’après-midi que les réformes proposées sont «insuffisantes». Un participant au dialogue avait indiqué auparavant que toutes les revendications de l’opposition n’avaient pas été satisfaites, notamment celle de la traduction en justice des responsables des violences de mercredi et jeudi, qui ont fait au moins 11 morts.

Sollicité par l’opposition pour assumer les pouvoirs du président Hosni Moubarak, Omar Souleimane aurait refusé, comme l’a affirmé le responsable d’un parti d’opposition s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Plusieurs des groupes impliqués dans le mouvement de contestation ont en effet refusé de participer au dialogue tant que le président Moubarak n’aurait pas démissionné. Le chef de l’Etat a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat lors de la présidentielle prévue en septembre, mais ne semble pas avoir l’intention de démissionner.

Samedi, le bureau exécutif du Parti national démocrate (PND), le parti du président égyptien, a démissionné. Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti. Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également d’Hossma Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l’opposition.

L’Égypte refuse les «diktats»

Face à la contestation, l’administration Obama a d’abord exprimé sa confiance dans le gouvernement du Caire avant de menacer de couper l’aide américaine, puis de presser implicitement Moubarak de céder le pouvoir immédiatement. A présent, il est «important de soutenir le processus de transition annoncé par le gouvernement égyptien effectivement dirigé par l’actuel vice-président Omar Souleimane», a souligné samedi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, lors de la conférence sur la sécurité à Munich.

«Nous avons envoyé un message constant de soutien à la transition en bon ordre qui a commencé», a-t-elle ajouté. Frank Wisner, émissaire de Barack Obama en Egypte, a de son côté jugé «crucial» samedi que le président Moubarak «reste en fonction» pour diriger les changements en vue d’une transition. Ces propos n’«engagent que lui et non le gouvernement américain», a rectifié l’administration US. Commentant ce positionnement fluctuant, Mohamed ElBaradei a déploré «la grande confusion» occasionnée.

Après les appels répétés de plusieurs pays occidentaux à une transition politique ordonnée et rapide, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Aboul Gheit, a affirmé que son pays refusait les «diktats» de l’étranger.

Égypte : Moubarak s’accroche, des discussions débutent

In Pays arabe on 6 février 2011 at 11 h 40 min

Le Figaro,

Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants demandent toujours le départ immédiat du président Moubarak.
Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants demandent toujours le départ immédiat du président Moubarak. Crédits photo : MOHAMMED ABED/AFP

Face à une contestation qui se maintient, le président égyptien a décidé de remplacer le chef du parti au pouvoir, le PND, par un homme ayant de bons rapports avec l’opposition. Les Frères musulmans acceptent de négocier avec le gouvernement.

Dimanche matin, la vie semblait reprendre doucement au Caire alors que la contestation du régime en place se maintenait. Pour preuve de ce retour relatif à la normale, de nombreux commerces et les banques ont rouvert dans la capitale égyptienne.

Samedi, le bureau exécutif du parti du président égyptien Hosni Moubarak a démissionné, une étape «positive» dans l’attente de «gestes supplémentaires», selon Washington, vers une transition démocratique. «En tant que président du Parti national démocrate (PND), le président Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti», a précisé la télévision d’Etat, écartant les rumeurs sur la démission du raïs de la tête de son parti. Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également d’Hossma Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l’opposition.

Alors que Washington avait appelé vendredi Moubarak à s’effacer le plus rapidement possible, l’émissaire personnel du président Obama pour l’Egypte, Frank Wisner, a déclaré samedi qu’il devait désormais «rester en place pour mettre (les) changements en oeuvre». Ces propos n’«engagent que lui et non le gouvernement américain», a rectifié l’administration américaine.

Sur la place Tahrir, emblème de la contestation antigouvernementale dans le centre du Caire, des milliers de manifestants demandaient toujours samedi soir le départ immédiat du président Moubarak. Ils étaient toujours présents dimanche matin. L’ambiance y était calme. La démission de la direction du parti présidentiel «c’est comme des cartes que l’on jette sur la table afin de plaire à la rue», a dit Mahmoud Momen, un homme d’affaires de 46 ans. «Les piliers du régime s’écroulent, ce qui signifie que la révolution de la jeunesse a causé un important séisme», a affirmé de son côté Farid Ismaïl, un membre des Frères musulmans. L’armée a renforcé sa présence sur la place alors que la veille, des chars avaient été empêchés de quitter les lieux par les manifestants qui redoutaient de nouvelles attaques des pro-Moubarak.

 

«Une preuve qu’il est toujours là»

Hosni Moubarak a réuni samedi le premier ministre Ahmad Chafic, qui avait exclu la veille une transition entre Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, ainsi que le ministre du Pétrole, le chef de la Banque centrale et le ministre des Finances. C’est la première fois qu’il le faisait depuis le limogeage le 29 janvier du précédent cabinet sous la pression de la rue. Pour le chef du mouvement d’opposition Kefaya, Georges Ishaq, cette réunion «est une preuve qu’il (Moubarak, ndlr) s’accroche à sa position et veut montrer au peuple qu’il est toujours là».

Pour autant, à l’étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne à Moubarak. Selon le New York Times, Omar Souleimane et les chefs de l’armée examinent des hypothèses visant à limiter l’autorité d’Hosni Moubarak. Il pourrait être suggéré au raïs d’aller dans sa résidence de Charm el-Cheikh ou de partir pour l’une de ces habituelles cures médicales annuelles en Allemagne qui serait cette fois prolongée. Omar Souleimane formerait alors un gouvernement de transition. Il a lancé un dialogue avec l’opposition. Ce dimanche, il s’entretient avec des représentants de l’opposition dont des responsables des Frères musulmans, un tournant dans la relation de la confrérie avec l’Etat. Mohamed ElBaradei, l’une des figures de proue de l’opposition, n’a pour l’heure pas été sollicité.