Claude Blacque Belair

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En Egypte, la pression de la rue est toujours vive

In Pays arabe on 10 février 2011 at 10 h 37 min

Le Monde du 9/2/2011,

Manifestation d'opposants au régime de Hosni Moubarak, devant le Parlement égyptien, mercredi 9 février.

Manifestation d’opposants au régime de Hosni Moubarak, devant le Parlement égyptien, mercredi 9 février.AFP/MOHAMMED ABED

 

La tension ne faiblit pas en Egypte. Au Caire, plusieurs centaines de manifestants, toujours très mobilisés pour faire tomber le régime de Hosni Moubarak, tentaient, mercredi 9 février, de bloquer l’accès au Parlement, dominé par le Parti national démocrate (PND) du président égyptien, et au siège du gouvernement. Des militaires et des blindés protégeaient les bâtiments, mais aucune violence n’a été signalée.

« Nous sommes venus pour empêcher les membres du PND d’entrer. Nous resterons jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ou nous mourrons ici », a déclaré Mohammed Abdallah, 25 ans, tandis que la foule entonnait des slogans anti-Moubarak et agitait des drapeaux égyptiens.

LE GOUVERNEMENT MENACE DE FAIRE INTERVENIR L’ARMÉE

En réaction, le ministre des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a assuré que l’armée pourrait intervenir en cas de chaos « pour reprendre les choses en main ».« M. Aboul Gheit a appelé à la préservation de la Constitution en vue d’empêcher le pays de sombrer dans le chaos », relate une interview accordée par le ministre à la chaîne Al-Arabiya.

Cette déclaration fait suite aux mises en garde d’Omar Souleiman. Mardi soir, le vice-président avait prévenu que si les manifestants ne s’asseyaient pas à la table des négociations, le pays pourrait être à la merci d’un coup d’Etat, engendrant le chaos.

MOBILISATION TOUJOURS TRÈS FORTE

Place Tahrir, au Caire, les manifestants ne semblaient toutefois pas vouloir lâcher prise mercredi, au seizième jour de révolte et au lendemain d’une nouvelle mobilisation monstre contre Hosni Moubarak. Sur ce rond-point devenu symbole du mouvement de contestation, les milliers de protestataires présents en permanence promettent de ne pas céder. Les organisateurs de la mobilisation ont fait part de leur projet de marcher vendredi, après la grande prière hebdomadaire, sur l’immeuble de la radio et télévision d’Etat, porte-voix du régime.

Les manifestants réclament, outre le départ immédiat de M. Moubarak, une nouvelle Constitution. Selon l’agence de presse officielle MENA, un comité nommé par le chef de l’Etat pour la remanier est tombé d’accord pour en changer six articles et envisage d’autres modifications.

 

La place Tahrir au Caire, mercredi 9 février.

La place Tahrir au Caire, mercredi 9 février.AFP/PATRICK BAZ

 

MOUVEMENTS SOCIAUX

Plusieurs mouvements sociaux portant sur les conditions de travail et les salaires ont par ailleurs fait leur apparition dans le pays. Des manifestations ont eu lieu mardi et mercredi dans les arsenaux de Port-Saïd, à l’entrée nord du canal de Suez, ainsi que chez plusieurs sociétés privées travaillant sur cet axe stratégique du commerce mondial.

A l’aéroport du Caire, des grèves ont affecté des sociétés de services ou de sécurité. Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont également manifesté dans la capitale. Des grèves ont également été signalées dans des usines textiles de Mahallah, dans le delta du Nil, ou encore dans une société gazière du Fayyoum.

Des responsables égyptiens faisaient état d’un bilan d’au moins cinq morts et une centaine de blessés ces deux derniers jours au cours d’affrontements entre police et manifestants à El Khargo, à 400 kilomètres au sud du Caire. Après que la police eut tiré à balles réelles contre des manifestants, la foule en colère a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti du PND.

 

Égypte : Moubarak s’accroche, des discussions débutent

In Pays arabe on 6 février 2011 at 11 h 40 min

Le Figaro,

Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants demandent toujours le départ immédiat du président Moubarak.
Sur la place Tahrir, des milliers de manifestants demandent toujours le départ immédiat du président Moubarak. Crédits photo : MOHAMMED ABED/AFP

Face à une contestation qui se maintient, le président égyptien a décidé de remplacer le chef du parti au pouvoir, le PND, par un homme ayant de bons rapports avec l’opposition. Les Frères musulmans acceptent de négocier avec le gouvernement.

Dimanche matin, la vie semblait reprendre doucement au Caire alors que la contestation du régime en place se maintenait. Pour preuve de ce retour relatif à la normale, de nombreux commerces et les banques ont rouvert dans la capitale égyptienne.

Samedi, le bureau exécutif du parti du président égyptien Hosni Moubarak a démissionné, une étape «positive» dans l’attente de «gestes supplémentaires», selon Washington, vers une transition démocratique. «En tant que président du Parti national démocrate (PND), le président Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti», a précisé la télévision d’Etat, écartant les rumeurs sur la démission du raïs de la tête de son parti. Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également d’Hossma Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l’opposition.

Alors que Washington avait appelé vendredi Moubarak à s’effacer le plus rapidement possible, l’émissaire personnel du président Obama pour l’Egypte, Frank Wisner, a déclaré samedi qu’il devait désormais «rester en place pour mettre (les) changements en oeuvre». Ces propos n’«engagent que lui et non le gouvernement américain», a rectifié l’administration américaine.

Sur la place Tahrir, emblème de la contestation antigouvernementale dans le centre du Caire, des milliers de manifestants demandaient toujours samedi soir le départ immédiat du président Moubarak. Ils étaient toujours présents dimanche matin. L’ambiance y était calme. La démission de la direction du parti présidentiel «c’est comme des cartes que l’on jette sur la table afin de plaire à la rue», a dit Mahmoud Momen, un homme d’affaires de 46 ans. «Les piliers du régime s’écroulent, ce qui signifie que la révolution de la jeunesse a causé un important séisme», a affirmé de son côté Farid Ismaïl, un membre des Frères musulmans. L’armée a renforcé sa présence sur la place alors que la veille, des chars avaient été empêchés de quitter les lieux par les manifestants qui redoutaient de nouvelles attaques des pro-Moubarak.

 

«Une preuve qu’il est toujours là»

Hosni Moubarak a réuni samedi le premier ministre Ahmad Chafic, qui avait exclu la veille une transition entre Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, ainsi que le ministre du Pétrole, le chef de la Banque centrale et le ministre des Finances. C’est la première fois qu’il le faisait depuis le limogeage le 29 janvier du précédent cabinet sous la pression de la rue. Pour le chef du mouvement d’opposition Kefaya, Georges Ishaq, cette réunion «est une preuve qu’il (Moubarak, ndlr) s’accroche à sa position et veut montrer au peuple qu’il est toujours là».

Pour autant, à l’étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne à Moubarak. Selon le New York Times, Omar Souleimane et les chefs de l’armée examinent des hypothèses visant à limiter l’autorité d’Hosni Moubarak. Il pourrait être suggéré au raïs d’aller dans sa résidence de Charm el-Cheikh ou de partir pour l’une de ces habituelles cures médicales annuelles en Allemagne qui serait cette fois prolongée. Omar Souleimane formerait alors un gouvernement de transition. Il a lancé un dialogue avec l’opposition. Ce dimanche, il s’entretient avec des représentants de l’opposition dont des responsables des Frères musulmans, un tournant dans la relation de la confrérie avec l’Etat. Mohamed ElBaradei, l’une des figures de proue de l’opposition, n’a pour l’heure pas été sollicité.