Le Monde du 9/2/2011,
Manifestation d’opposants au régime de Hosni Moubarak, devant le Parlement égyptien, mercredi 9 février.AFP/MOHAMMED ABED
La tension ne faiblit pas en Egypte. Au Caire, plusieurs centaines de manifestants, toujours très mobilisés pour faire tomber le régime de Hosni Moubarak, tentaient, mercredi 9 février, de bloquer l’accès au Parlement, dominé par le Parti national démocrate (PND) du président égyptien, et au siège du gouvernement. Des militaires et des blindés protégeaient les bâtiments, mais aucune violence n’a été signalée.
« Nous sommes venus pour empêcher les membres du PND d’entrer. Nous resterons jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites ou nous mourrons ici », a déclaré Mohammed Abdallah, 25 ans, tandis que la foule entonnait des slogans anti-Moubarak et agitait des drapeaux égyptiens.
LE GOUVERNEMENT MENACE DE FAIRE INTERVENIR L’ARMÉE
En réaction, le ministre des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a assuré que l’armée pourrait intervenir en cas de chaos « pour reprendre les choses en main ».« M. Aboul Gheit a appelé à la préservation de la Constitution en vue d’empêcher le pays de sombrer dans le chaos », relate une interview accordée par le ministre à la chaîne Al-Arabiya.
Cette déclaration fait suite aux mises en garde d’Omar Souleiman. Mardi soir, le vice-président avait prévenu que si les manifestants ne s’asseyaient pas à la table des négociations, le pays pourrait être à la merci d’un coup d’Etat, engendrant le chaos.
MOBILISATION TOUJOURS TRÈS FORTE
Place Tahrir, au Caire, les manifestants ne semblaient toutefois pas vouloir lâcher prise mercredi, au seizième jour de révolte et au lendemain d’une nouvelle mobilisation monstre contre Hosni Moubarak. Sur ce rond-point devenu symbole du mouvement de contestation, les milliers de protestataires présents en permanence promettent de ne pas céder. Les organisateurs de la mobilisation ont fait part de leur projet de marcher vendredi, après la grande prière hebdomadaire, sur l’immeuble de la radio et télévision d’Etat, porte-voix du régime.
Les manifestants réclament, outre le départ immédiat de M. Moubarak, une nouvelle Constitution. Selon l’agence de presse officielle MENA, un comité nommé par le chef de l’Etat pour la remanier est tombé d’accord pour en changer six articles et envisage d’autres modifications.
La place Tahrir au Caire, mercredi 9 février.AFP/PATRICK BAZ
MOUVEMENTS SOCIAUX
Plusieurs mouvements sociaux portant sur les conditions de travail et les salaires ont par ailleurs fait leur apparition dans le pays. Des manifestations ont eu lieu mardi et mercredi dans les arsenaux de Port-Saïd, à l’entrée nord du canal de Suez, ainsi que chez plusieurs sociétés privées travaillant sur cet axe stratégique du commerce mondial.
A l’aéroport du Caire, des grèves ont affecté des sociétés de services ou de sécurité. Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont également manifesté dans la capitale. Des grèves ont également été signalées dans des usines textiles de Mahallah, dans le delta du Nil, ou encore dans une société gazière du Fayyoum.
Des responsables égyptiens faisaient état d’un bilan d’au moins cinq morts et une centaine de blessés ces deux derniers jours au cours d’affrontements entre police et manifestants à El Khargo, à 400 kilomètres au sud du Caire. Après que la police eut tiré à balles réelles contre des manifestants, la foule en colère a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti du PND.