Claude Blacque Belair

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«L’étonnant professionnalisme des ex-rebelles»

In Afrique on 1 avril 2011 at 7 h 50 min

Le Figaro,

«Le Burkina Faso et le Nigeria ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles», estime Antoine Glaser. Crédits photo : LUC GNAGO/REUTERS.
«Le Burkina Faso et le Nigeria ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles», estime Antoine Glaser. Crédits photo : LUC GNAGO/REUTERS.

INTERVIEW – Ancien directeur de La Lettre du continent, Antoine Glaser est spécialiste de l’Afrique.

LE FIGARO. – Comment expliquez-vous que les forces pro-Ouattara n’aient rencontré aucune résistance dans leur descente vers le sud? 

Antoine GLASER. – Les Forces de défense et de sécurité, qui semblaient jusqu’à présent demeurer loyales à Laurent Gbagbo, ont manifestement basculé ces derniers jours en voyant leurs adversaires passer à l’offensive. Il faut dire que l’attaque lancée lundi par les forces pro-Ouattara, après plusieurs semaines de discrets préparatifs, témoigne d’un professionnalisme étonnant. Avant que le top départ ne soit lancé, certains pays de la région, comme le Burkina Faso ou le Nigeria, ont probablement contribué à armer et à entraîner les ex-rebelles, qui sont équipés de neuf. Il est également vraisemblable que des conseillers militaires français et américains aient participé à la conception de cette opération, laquelle répond à l’évidence à un ordre de marche très précis.

De quel soutien Laurent Gbagbo dispose-t-il désormais face aux partisans d’Alassane Ouattara?

Il ne peut plus compter que sur un dernier carré littéralement bunkérisé dans le centre d’Abidjan, ainsi que sur les quelques milliers de Jeunes Patriotes qui répondent aux ordres du «Général de la rue», Charles Blé Goudé. Sur le plan militaire, seules les troupes de la garde présidentielle et du Centre de commandement des opérations spéciales semblent encore lui rester fidèles. Cet isolement répond à la stratégie d’encerclement politique et di­plomatique mise en œu­vre ces dernières semaines, principalement par la France et le Nigeria. Les résolutions successives soumises au Conseil de sécurité de l’ONU ont en effet permis de faire comprendre à ses proches que le régime Gbagbo n’avait plus d’avenir.

Certains craignent pourtant que la bataille d’Abidjan n’entraîne un bain de sang.

Il est vrai qu’en plus des Jeunes Patriotes Laurent Gbagbo peut encore jouer de la solide assise populaire dont il dispose à Abidjan, où près de 55% des électeurs ont voté pour lui en novembre dernier. On peut imaginer qu’une partie de ses partisans descendent dans la rue afin de lui apporter leur soutien. Cependant, il convient de souligner que les Ivoiriens, confrontés depuis septembre 2002 à une crise interminable, éprouvent une grande lassitude. Ils ont d’ailleurs exprimé leur volonté de changement lors de la dernière présidentielle. Enfin, je ne suis pas certain que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire loyales à Alassane Ouattara fassent le choix d’entrer en force dans Abidjan, au risque de provoquer un bain de sang.

Quelle est l’alternative?

On peut imaginer qu’elles encerclent la capitale économique afin d’étouffer un peu plus le régime et de précipiter les dernières défections. Si le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution interdisant l’usage des armes lourdes à Abidjan, l’Onuci et les 900 soldats de «Licorne» pourront en outre désarmer les unités restées fidèles à Gbagbo. Elles chercheront sans doute aussi à bloquer l’aéroport. À partir de là, le président sortant n’aura plus le choix qu’entre la reddition et une hypothétique fuite à l’étranger. À moins qu’il ne choisisse de «mourir en martyre», comme il en a récemment exprimé l’intention devant des visiteurs.

Les États-Unis réaffirment que Kadhafi doit partir

In Monde arabe on 18 mars 2011 at 16 h 17 min

Le Figaro,

«Nous n'allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», assure Hillary Clinton.
«Nous n’allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», assure Hillary Clinton. Crédits photo : STR/Reuters

EN DIRECT – Malgré le cessez-le feu annoncé par Tripoli, Hillary Clinton a demandé une nouvelle fois au leader libyen d’abandonner le pouvoir. Les rebelles dénoncent un coup de «bluff» de Kadhafi.

Mouammar Kadhafi va-t-il plier devant les menaces d’intervention de la communauté internationale ? Au lendemain du vote à l’ONU d’une résolution en faveur d’une utilisation de la force, le ministre des Affaires étrangères libyen a annoncé vendredi que son pays mettait fin à toutes les opérations militaires. La Libye «a décidé d’observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», a déclaré Moussa Koussa lors d’une conférence de presse. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations unies, était «contraint d’accepter la résolution du Conseil de sécurité».

La France, qui se préparait depuis jeudi soir à une intervention militairecoordonnée en Libye avec d’autres pays, a accueilli l’annonce avec prudence. Mouammar Kadhafi «commence à avoir peur mais sur le terrain, la menace n’a pas changé», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Egalement circonspects, les Etats-Unis exigent toujours le départ de Kadhafi. «La situation évolue rapidement. Nous n’allons pas nous laisser impressionner par des mots. Il nous faut voir des actes sur le terrain», assure Hillary Clinton. Pour la secrétaire d’Etat américaine, l’«objectif final» de la résolution de l’ONU doit être le départ de Mouammar Kadhafi.

Sceptique également, le commandant des rebelles libyens, Khalifa Heftir, a estimé que le cessez-le-feu annoncé n’était «pas important» et qu’il s’agissait d’un coup de «bluff» de Mouammar Kadhafi. Selon lui, le leader libyen «doit rendre ses armes et se rendre lui-même aux Libyens, ce qui serait mieux que de se rendre aux forces étrangères».

 

Accord de principe de l’UE pour de nouvelles sanctions

Les Européens sont par ailleurs parvenus à un accord de principe sur de nouvelles sanctions renforcées contre onze individus, notamment des membres du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi et neuf nouvelles entités libyennes, a-t-on appris de sources diplomatiques. Ces sanctions – des gels d’avoirs et des interdictions de visa – devraient être adoptées formellement lundi par les 27 ministres des Affaires étrangères, et complétées dans les jours suivants par un train de sanctions supplémentaires afin de se conformer pleinement à celles décidées à l’ONU, ont indiqué ces diplomates.

L’Italie en particulier avait exprimé ces derniers jours des réticences à des sanctions contre les intérêts pétroliers libyens, selon l’un d’entre eux. Mais jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de sanctionner la société pétrolière National Oil Company (NOC), et les Etats membres de l’ONU sont tenus de s’y plier, ont relevé plusieurs diplomates. Le train de sanctions vendredi est le troisième adopté par l’UE depuis le début de la violente répression par le régime libyen de l’insurrection qui secoue le pays.

 

25 morts à Misrata vendredi matin

Après une nuit de tirs à l’arme lourde, les bombardements avaient repris vendredi matin à Misrata, située à 200 km à l’est de Tripoli et contrôlée par la rébellion. «Des dizaines de bombes de toutes sortes s’abattent sur la ville depuis hier soir», a témoigné un porte-parole rebelle. Selon la chaîne de télévision al-Arabiya, ces combats auraient fait 25 morts.

Les combats continuent aussi près d’Ajdabiya, dernier verrou des insurgés avant leur fief de Benghazi, à 160 km de là. De nombreuses explosions ont notamment été entendues en provenance de Zuwaytinah, un petit port pétrolier situé à 30 km au nord-ouest d’Ajdabiya, Selon des sources médicales et des insurgés interrogés dans le village de Chat al-Bedine, à une trentaine de kilomètres des combats, les environs du port ont été visés par des bombardements.

De fortes explosions sporadiques et lointaines ont été entendues vendredi depuis le centre de Tripoli, sans qu’il ne soit possible d’établir leur origine. Des témoins et journalistes présents dans la capitale libyenne ont également entendu le bruit d’une série de six à huit détonations. Tripoli aurait par ailleurs fermé son espace aérien selon Eurocontrol, l’agence qui gère le trafic aérien en Europe. Une information démentie par les autorités libyennes.

 

 

Des combats ont également eu lieu jeudi soir et vendredi matin à Nalout et Zenten, deux villes de l’ouest libyen sous contrôle de l’opposition, entre des forces loyales à Kadhafi et les insurgés, selon des habitants. À Zenten, les affrontements ont fait des victimes des deux côtés, selon un riverain. À Nalout, la situation est revenue au calme vendredi après une attaque réussie des insurgés contre une position des loyalistes la veille. Les anti-Kadhafi auraient saisi des armes et des munitions sur places, et fait prisonniers plusieurs militaires, selon un rebelle.

Plus à l’est, Benghazi craint de subir le même sort que Misrata. Selon la chaîne al-Jezira qui rapportait vendredi matin des propos du fils de Mouammar Kadhafi Seif al-Islam, l’armée libyenne avait prévu de se déployer autour de ce bastion des insurgés, sans y pénétrer, et des unités antiterroristes devaient y être envoyées pour désarmer les insurgés. Les forces gouvernementales devaient en outre aider les habitants à quitter la ville, a ajouté Seif al-Islam selon la chaîne qatarie.

 

Libye : le régime affirme être aux portes de Benghazi

In Monde arabe on 17 mars 2011 at 18 h 13 min

Le Figaro,

Un char de l'armée libyenne mercredi à Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de leur fief de Benghazi.
Un char de l’armée libyenne mercredi à Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de leur fief de Benghazi. Crédits photo : AHMED JADALLAH/REUTERS

La télévision d’Etat assure que les forces fidèles au dirigeant libyen ont atteint les faubourgs du bastion des insurgés dans l’est du pays. Une information démentie par les rebelles.

Les forces pro-Kadhafi semblent de nouveau gagner du terrain en Libye. L’armée, loyale au dirigeant contesté par les insurgés, est arrivée jeudi aux portes de Benghazi, deuxième ville du pays située dans l’est et bastion de l’insurrection depuis plus d’un mois, a affirmé la télévision d’Etat libyenne. Une information aussitôt démentie par les rebelles.

«La ville de Zuwaytinah est sous contrôle des forces armées qui sont aux portes de Benghazi», indique la chaîne al-Libya. Zuwaytinah se trouve à environ 150 km au sud de Benghazi, ville portuaire sur la Méditerranée où siège le Conseil national de transition, l’instance dirigeante mise en place par les insurgés. «La situation est calme à Benghazi», a au contraire assuré un porte-parole de la rébellion sur place. «Les forces de Kadhafi ont essayé de mener un raid aérien sur la ville, mais la défense anti-aérienne a repoussé l’offensive et a fait tomber deux avions», a-t-il ajouté.

 

Plus à l’ouest, la situation est tout aussi confuse à Misrata, troisième ville du pays, peuplée de 500.000 habitants. La télévision d’Etat a annoncé que l’armée a pris le contrôle de la ville «et la purge actuellement des gangs criminels armés». Une information également démentie par un porte-parole des rebelles, qui assure que la ville est toujours aux mains des insurgés. «Nous contrôlons toujours la ville et même ses abords. Kadhafi est en train de mobiliser ses forces à quelques kilomètres de la ville», a-t-il déclaré. Selon lui, les combats auraient déjà fait 18 morts à Misrata, dont trois civils.

Mercredi soir, le colonel Kadhafi avait annoncé que ses troupes allaient livrer jeudi «une bataille décisive» pour reprendre Misrata. «Il ne faut pas laisser Misrata otage aux mains d’une poignée de cinglés», avait lancé le colonel libyen, qui a rejeté dans une interview exclusive au Figaro tout dialogue avec les rebelles.

Alain Juppé à New York pour convaincre l’ONU

Dans le même temps à New York, les Occidentaux tentent toujours de s’accorder sur la question de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienneen Libye. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter dans la journée une résolution sur le sujet. Le texte, déposé lundi par les Français, les Britanniques et les Libanais – avec l’appui de la Ligue arabe -, prévoit notamment l’instauration d’une «no fly zone» pour tenter de clouer au sol les avions du régime de Tripoli menaçant de bombarder les civils de Benghazi, où vivent un million d’habitants.

Jeudi, la France a envoyé en urgence son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé à New York, pour tenter de convaincre ses partenaires. «Compte tenu de l’urgence dans laquelle se trouve la population libyenne, notamment à Benghazi, Alain Juppé a décidé de se rendre à New York afin d’obtenir, le plus rapidement possible, le vote de cette résolution», indique le ministère dans un communiqué. Le ministre a affirmé mercredi que «plusieurs pays arabes» sont prêts à participer à une action militaire en Libye. Mais l’idée, soutenue par les Etats-Unis, suscite toujours les réticences de la Russie et de la Chine. L’Allemagne, l’Inde et l’Afrique du Sud ont également exprimé des réserves.

Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a pour sa part estimé jeudi que «plus tôt l’ONU parviendra à un accord» sur la Libye, «mieux cela vaudra», afin d’éviter une «inacceptable» victoire de Mouammar Kadhafi. Selon lui, les attaques du régime libyen contre des civils peuvent constituer des crimes contre l’humanité. «Si Kadhafi l’emporte, cela enverra le message que la violence paye. Ce qui serait inacceptable d’un point de vue humanitaire et démocratique», a-t-il également déclaré sur le réseau social Facebook. Et de répéter : «L’Otan se tient prête à agir pour protéger la population civile des attaques du régime».

Les partisans d’Alassane Ouattara progressent vers l’ouest de la Côte d’Ivoire

In Afrique on 7 mars 2011 at 11 h 44 min

Le Monde,

Un partisan d'Alassane Ouattara à Abidjan.

Un partisan d’Alassane Ouattara à Abidjan. AP/Rebecca Blackwell

 

L’ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN), alliée à Alassane Ouattara, a pris dimanche la ville de Toulepleu, dans l’ouest du pays, aux forces du président sortant Laurent Gbagbo après de violents combats, ont indiqué des élus locaux et les FN. « Il y a eu d’âpres combats à Toulepleu », ont déclaré des élus locaux. « Les rebelles étaient plus nombreux que nos jeunes, qui défendent la ville et ont dû opérer un repli tactique », ont-ils raconté. « La ville est entièrement contrôlée par les FN », a déclaré une source au sein de l’état-major de l’ex-rébellion. Un combattant FN dans la zone a affirmé que son camp visait désormais la ville de Bloléquin, plus à l’est.

Grande ville proche de la frontière avec le Liberia, Toulépleu est située en zone sud restée sous le contrôle du président Laurent Gbagbo après le putsch manqué de 2002, à l’issue duquel la rébellion, baptisée plus tard Forces nouvelles, avait pris le nord du pays. Des habitants de villages libériens frontaliers ont indiqué que des tirs avaient retenti dans la nuit de samedi à dimanche, et que des soldats blessés franchissaient la frontière pour recevoir des soins.

Depuis environ deux semaines, les combats ont repris dans l’ouest entre Forces de défense et de sécurité (FDS) de M. Gbagbo, appuyées par des miliciens, et éléments FN, faisant craindre une reprise des affrontements sur la ligne de front de 2002-2003.  La semaine dernière, les insurgés ont pris le contrôle de deux villes plus modestes non loin de la frontière libérienne, Zouan-Hounien et Bin-Houin. Le panel de l’Union africaine sur la crise ivoirienne a exigé « l’arrêt immédiat des tueries » et des manifestations pouvant « dégénérer en troubles et en violences ». Plus de 370 personnes ont été tuées lors de violences depuis fin 2010, selon l’ONU.

CRAINTE D’UNE « RÉSURGENCE DE LA GUERRE CIVILE »

Ces combats ont amplifié l’exode d’habitants de la région vers le Liberia, alors que plusieurs dizaines de milliers d’Ivoiriens s’y sont déjà réfugiés depuis le début de la crise opposant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale après le scrutin de novembre.

Devant la récente flambée de violences, dans l’ouest et à Abidjan, le Conseil de sécurité de l’ONU a dit redouter une « résurgence de la guerre civile ». A Abidjan, dans le quartier pro-Ouattara d’Abobo (nord), où les FDS combattent des insurgés armés accusés par le camp Gbagbo d’être des FN, des tirs nourris, de kalachnikov notamment, ont été entendus dimanche après-midi, ont rapporté des habitants. Par ailleurs, un conseiller de M. Ouattara, Amadou Coulibaly, a affirmé à l’AFP qu’« une vingtaine de maisons de ministres et de partisans de M. Ouattara ont été pillées ces derniers jours ». Il a accusé des « jeunes partisans de M. Gbagbo accompagnés de FDS », en disant s’appuyer sur des témoignages de voisins. En outre, le quotidien d’Etat Fraternité-Matin, contrôlé par le camp Gbagbo, a été visé samedi soir par une roquette, mais aucun bâtiment n’a été touché et il n’y a pas eu de blessé, a-t-on appris auprès de la rédaction.